Crédit photo : Sébastien Tschanz
Avant d’être connues pour leurs paysages sublimes, leurs faunes et flores aussi riches et variés que délicats, les tourbières étaient surtout vues par les Hommes comme un puits de ressources énergétiques. En effet, l’exploitation de la tourbe a grandement servi à augmenter le confort des habitants des Montagnes neuchâteloises, en permettant notamment de chauffer les maisons de la région. Les historiens ont trouvé les premières traces d’exploitation des tourbières des Ponts-de-Martel au tout début du XVIe Siècle.
Puis, les tourbières ont petit à petit dû laisser du terrain aux terres agricoles. L’Homme avait alors besoin de plus de champs et c’est logiquement qu’il s’est attelé au drainage de ces sols humides et marécageux. C’est ainsi que le drainage et l’exploitation quasi systématique des tourbières des Montagnes neuchâteloises ont ensemble contribué à la réduction de ces milieux si particuliers et fragiles. C’est notamment dès le début du XXe Siècle et plus particulièrement entre la Première Guerre mondiale et les années 1990 que les tourbières des Ponts-de-Martel ont subi une exploitation industrielle, réduisant sa surface initiale totale de plus de 90%. Bien évidemment, une diminution de la superficie des marais va de pair avec une perte drastique de la faune et de la flore appartenant à un tel écosystème. Les biologistes ont par exemple constaté une disparition de certaines espèces de libellules.
Les tourbières des Ponts-de-Martel doivent leur salut actuel, en tout premier lieu, à l’initiative populaire fédérale de Rothenthurm, acceptée par le peuple et les cantons en 1987. Cette initiative protège les marais de manière uniforme sur tout le territoire suisse, en y interdisant notamment toute construction et oblige également les cantons à protéger et entretenir ces milieux.
C’est ainsi que les premiers essais de revitalisation des marais aux Ponts-de-Martel se sont déroulés en 1996. L’objectif principal est de restaurer l’équilibre hydrique des tourbières et de renaturaliser ce milieu, de manière à le faire ressembler le plus possible à son état initial – avant l’intervention humaine et les déséquilibres en découlant – ce qui entraînerait alors un retour de certaines espèces ayant disparu de ces régions. Plus concrètement, les travaux ont pour but de créer de nouveaux plans d’eau ou d’entretenir ceux qui existent déjà tout en construisant des aménagements permettant de contenir les eaux de pluie, de réguler le dynamisme forestier et la densité du boisement portant atteinte au développement des zones humides et, finalement, de freiner les effets des drains mis en place il y a quelques années.
C’est grâce à ces efforts que la dégradation des marais a ralenti entre la fin des années 1990 et les années 2000 ; en effet, le processus de revitalisation peut être long, notamment à cause des systèmes de drainage encore actifs. L’Homme, qui voulait auparavant assécher les marais, désire aujourd’hui leur rendre l’humidité si essentielle à leur survie. C’est donc avec fierté et bonheur que les scientifiques, les promeneurs, les habitants des Ponts-de-Martel et autres bénévoles de la Maison de la Tourbière voient depuis quelques années les marais redevenir humides, recréant alors un écosystème adapté pour des espèces végétales et animales qui l’avaient délaissé par le passé – à l’instar des libellules.
Chères lectrices et chers lecteurs, allez donc vous balader dans les tourbières des Ponts-de-Martel et observez ces insectes si gracieux ; ils vous montreront que les efforts de revitalisation sont d’une importance capitale pour eux.