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Photo du rédacteurYvan Matthey

Un fonctionnement hydrique multiple

Les tourbières jurassiennes, localisées en grande majorité dans le fond des vallées sont depuis longtemps qualifiées de marais ombrotrophes. Conserver au maximum les pluies dans la masse de tourbe afin de la maintenir aussi mouillée que possible semble donc une mesure suffisante pour en garantir le bon fonctionnement.


L’analyse fine de chaque marais révèle cependant des situations nettement plus complexes. En effet, une grande partie des hauts-marais jurassiens fonctionne selon deux types hydrologiques complémentaires.


Si la partie supérieure du sol tourbeux répond clairement au type ombrogène bombé et n’est alimentée que par la décharge des nuages, la base tourbeuse du marais est très souvent en lien fonctionnel avec les ruissellements des pentes latérales voire des ruisseaux du fond des vallées. On a donc, en situation naturelle, deux provenances hydriques indépendantes pour gorger le corps de tourbe, avec une eau plus minérotrophe en profondeur. Pour l’équilibre et le fonctionnement du marais, cette eau doit percoler lentement à travers le sol tourbeux sous l’effet de l’alimentation d’un bassin versant en légère pente. Nos marais ont donc souvent débuté leur formation comme des marais de pente, avec une végétation de bas-marais plus ou moins acide, pour évoluer vers des buttes à sphaignes acides typiques du centre d’un haut-marais.


La géomorphologie de la vallée de La Brévine, avec de nombreux dépôts morainiques et un fond peu aplani a favorisé de tels développements. C’est notamment le cas pour les tourbières de Rond-Buisson, du complexe du Cachot, du Maix-Rochat ou de La Châtagne. On en trouve aussi au Val-de-Travers comme aux Bochats, à la Sagnette des Verrières ou aux Sagnettes de Boveresse.


Bien que généralement plat et colmaté par un vaste dépôt marneux imperméable sur près de 1500 ha, le fond de la vallée des Ponts-de-Martel abrite certes des hauts-marais ombrogènes bombés, comme le Bois-des-Lattes, mais également plusieurs marais à fonctionnement hydrique mixte, en lien étroit avec des écoulements provenant des pentes, notamment les marais des Bieds, de Sous-Martel-Dernier, de Brot-Plamboz et même du Marais-Rouge qui abrite le sentier.


Le double fonctionnement hydrique des tourbières jurassiennes est identifié depuis peu de temps et la prise en compte de l’importance des bassins versants se fait jour. La Confédération et la majorité des cantons suisses ont mandaté des spécialistes afin de préciser le rôle, l’importance, la localisation et la dimension de ces bassins pour une meilleure protection des tourbières, y compris pour les objets neuchâtelois.


Les résultats de cette approche sont accessibles sur le site de l’« Espace Marais » qui fait la synthèse de la démarche et présente la méthode et quelques cas. Cette approche prend en compte l’espace nécessaire pour l’alimentation du marais en fonction de la géomorphologie de chaque région.


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