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Des chantiers parfois conséquents

Les mesures de revitalisation peuvent être groupées selon deux volets :


  • Un volet technique, par la planification puis la mise en chantier de mesures modifiant le sol et la végétation des marais en vue d’en améliorer le bilan hydrique et la biodiversité.

  • Un volet contractuel, par la signature de conventions avec les agriculteurs utilisant les marais et leurs zones-tampon. Les contraintes pour l’agriculture imposent une extensification des pratiques. Les conventions intègrent une indemnisation financière, versée pour compenser la baisse de rendement et la péjoration de la qualité des fourrages.

 

Les objectifs prioritaires pour régénérer une tourbière sont clairement définis :


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  • Cicatrisation des surfaces râclées par le prélèvement de la tourbe horticole et rétablissement d’une végétation favorisant la recolonisation des sphaignes ;

  • Conservation de l’eau dans le sol tourbeux, idéalement en contrôlant l’inondations et en la modulant au fil du temps ;

  • Limitation de l’embroussaillement et d’une trop forte colonisation forestière. Cet objectif est directement lié au suivi des deux premiers.



Photographie : Yvan Matthey


Pour réussir une cicatrisation végétale stable, il s’agit de planter des espèces pionnières très dynamiques comme la linaigrette à feuilles engainantes (Eriophorum vaginatum). Le but est de protéger la tourbe nue pour limiter son assèchement et son échauffement excessif.

Pour Neuchâtel, cette mesure a été réalisée uniquement dans la vallée des Ponts avec 5,6 ha replantés entre 1996 et 1998. La découverte du sentier au Marais-Rouge dans le secteur qui fait face au Creux du Van offre un bel exemple de la réussite d’une telle mesure.



Photographie : Yvan Matthey


On utilise un touradon de linaigrette, extrait du sol à la pelle avec ses tiges, ses feuilles et sa masse racinaire. A l’aide d’un couteau, la plante est fragmentée en 20-25 petits éléments en prenant bien soin de conserver quelques tiges feuillées avec leurs racines. On crée ainsi des plantons qu’il suffit de repiquer à intervalles irréguliers (60-80 cm) au moyen d’un plantoir de jardin. Leur reprise est très bonne avec plus de 60% de réussite.


En 5-6 ans, une jeune pousse développe un nouveau touradon végétal protégeant la tourbe avec sa litière et favorisant l’arrivée d’autres espèces.



Photographies : Yvan Matthey


La conservation de l’eau dans le sol

Pour concrétiser ces mesures hydriques, la topographie fine de chaque marais est le paramètre initial indispensable à maitriser. Les pentes et les écoulements imposent des contraintes qui conditionnent la localisation des travaux, leur grandeur et aussi leur coût. La topographie impose diverses techniques  :


1.   Pour les terrains « plats » (moins de 2 % de pente), comblement des rigoles et petits fossés creusés dans la tourbe. Cette mesure permet de remplir les entailles, reconstituer la topographie homogène du sol et stopper les écoulements. La masse de tourbe se sature progressivement par les pluies et de petits plans d’eau peuvent être aménagés le long des anciens fossés. Pour le comblement, on peut utiliser de la tourbe mais ce matériau n’est pas exploitable. Développée dans les marais de Zoug, la technique de la sciure donne d’excellents résultats.


Vidéo : Yvan Matthey


Vidéo : Yvan Matthey



Photographies : Sébastien Tschanz


Le fossé est entièrement rempli avec un mélange fin de sciure et de petits copeaux de bois. Une couche de tourbe recouvre la sciure puis des végétaux sont remis en place. Comme la porosité de la sciure est très proche de celle de la tourbe, l’eau remplit ce volume mais aussi le sol tourbeux voisin qui est très rapidement recolonisé par une végétation indicatrice de bonnes conditions hydriques.


Photographies : Ecoconseil


Les fossés drainants creusés pour préparer l’exploitation du marais sont innombrables et présents dans toutes les tourbières neuchâteloises. On en totalise plus de 75,6 km ! dont 50,3 km pour la vallée des Ponts et même 10,4 km pour le Marais-Rouge, site du sentier du marais.


A fin 2023, le Canton (SFFN) a comblé 8,98 km de rigoles (11% du total) à travers les biotopes marécageux neuchâtelois utilisant un volume de plus de 6000 m3 de sciure. Pour la vallée des Ponts, les fossés comblés totalisent 4,75 km pour un volume de 3170 m3 de sciure. Les fossés comblés dans la vallée des Ponts totalisent 56% des longueurs traitées dans le canton mais ne couvrent que le 9,5% des rigoles identifiées dans la vallée.


Vidéo : Yvan Matthey


Vidéo : Yvan Matthey


Palissade en bois, 2017. Photographie : Yvan Matthey


Installation du trop-plein, 2017. Photographie : Yvan Matthey


Palissade recouverte, plan d’eau en 2017. Photographie : Yvan Matthey


Plan d’eau en 2018. Photographie : Yvan Matthey


Quand on souhaite monter très progressivement le niveau d’eau sur plusieurs années, les madriers ne sont pas appropriés car le bois reste trop longtemps en dehors de l’eau ce qui accélère sleur pourrissement.


Dans ces cas-là, les retenues sont réalisées avec des palplanches métalliques. A fin 2023, 6 retenues sont réalisées en métal pour une longueur totale de 247,5 m.

La réalisation des palissades et autres digues avec niveau d’eau réglable a permis de remouiller plus de 16 ha, dont 14 ha pour la vallée des Ponts ! En rehaussant progressivement les niveaux d’eau en amont des retenue déjà en place, on peut estimer le potentiel de nouvelles surfaces à mouiller au cours des 10 prochaines années entre 11 et 13 ha, portant le total de remise en eau à plus de 29 ha ... Et il reste de nombreux nouveaux projets à concrétiser !


Vidéo : Yvan Matthey


Vidéo : Yvan Matthey


Photographies : Yvan Matthey


De plus, ces surfaces mouillées influencent toute une série de rigoles, fossés et même quelques drains traversant les biotopes en stoppant leurs écoulements sans avoir besoin de les combler avec de la sciure ou de la tourbe. Ces écoulements cumulent une longueur approximative de 3 à 4 km, ce qui porte le total des rigoles drainantes fermées à près de 12 km (sur les 75,6 km répertoriés).


En favorisant l’inondation du sol sur de vastes surfaces, on crée de nombreux plan d’eau, de tailles et profondeurs variables, en paysage forestier ou prairial. Quand l’inondation se fait progressivement, la végétation et la faune peuvent rapidement et efficacement coloniser ces marais revitalisés. Avec une faible profondeur d’eau, on favorise les sphaignes et la création de vastes tapis muscinaux très attractifs pour la ponte des libellules. En maintenant le sol gorgé en permanence, les arbres sont affaiblis et meurent sur pied en se dégradant progressivement, amenant lentement la lumière au sol et en proposant une multitude d’habitats pour la faune et les champignons dégradant le bois mort. Par la taille des secteurs restaurés, les espèces peuvent développer des populations stables de tailles importantes, ces zones jouant le rôle de réservoir et de tête de pont pour la colonisation d’autres marais, parfois loin à la ronde.

















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