Une description des marais de Suisse et une cartographie des sols tourbeux de Suisse ont été établis en 1904 par J. Früh et C. Schröter (Die Moore der Schweiz). Pour la Vallée des Ponts-de-Martel, on y diagnostique clairement des prairies marécageuses entourant plusieurs hauts-marais. Ces diverses tourbières sont séparées par plusieurs ruisseaux parcourant la vallée (le Grand-Bied, le Petit-Bied, le Bied de Combe-Dernier ou celui de la Molta).
Une lecture attentive de la carte Sigfried de 1892, accessible sur le géoportail du Canton de Neuchâtel https://sitn.ne.ch/s/VIEOl permet de montrer qu’une douzaine à une quinzaine de tourbières proches les unes des autres occupaient le fond de la vallée des Ponts, créant un paysage dominé par les marais.
Les ruisseaux latéraux jouent un rôle à la fois dans l’alimentation hydrique des tourbières et pour l’évacuation des eaux excédentaires. Ce second rôle est particulièrement important pour les deux branches formant le Bied des Ponts (le Grand-Bied et le Petit-Bied) qui conduisent les eaux vers l’emposieu et la profonde perte karstique du Voisinage.
Avant l’exploitation de la tourbe et la transformation des sols organiques en terres agricoles, soit vers 1700-1750, les marais couvraient la totalité des surfaces colorées (vert+brun) de la carte produite par le géoportail du Canton. A noter que la couleur brune couvrait le fond de la vallée jusqu’en amont de Sagne-Eglise pour totaliser une superficie de près de 1500 ha.
Progressivement, sous l’avancée de l’extraction de la tourbe, ces tourbières originelles ont changé de forme et de dimension jusqu’à former le paysage actuel. La carte signale la superficie des marais lors de l’établissement de la carte Siegfried en 1890, (en vert pâle) alors que la surface actuelle en 2000 est celle colorée en vert soutenu.
Le caractère marécageux de la vallée n’est plus marqué que par quelques îlots boisés entourés et séparés par de vastes prairies.
Les périodes fortement pluvieuses provoquent une saturation excessive des réseaux de drainage qui alimentent l’emposieu du Voisinage. Le débit trop faible de la perte provoque une montée des eaux parfois spectaculaire, créant un lac temporaire au sud-ouest du village. Mais l’emposieu a vite fait d’évacuer ces eaux vers Noiraigue en dégageant le bas-marais du Bied.